PARADISE-PLONGEE.COM, june 2006, – FRANCE –
A large interview
Pascal Lecocq Artiste Peintre
Pascal Lecocq et le Commandant Taillez
New Orleans – Usa – 2000
Pascal Lecocq
Artiste Peintre
Consulter sa Biographie et ses Oeuvres
Paradise Plongée:
Votre activité artistique: une vocation dès le départ ou une découverte à laquelle vous avez souhaité consacrer une majorité de votre temps ? En quelle année avez-vous débuté ?
Pascal Lecocq: Je suis (aussi) tombé dedans quand j’étais petit, exactement dans le pot de peinture bleue. En marge des cours de dessins complémentaires à ma scolarité (vers 1973), j’ai commencé à dessiner et peindre pour moi. Il en a résulté une exposition en février 1977, j’avais 19 ans, suivie de nombreuses autres. Entre la poursuite de mes études universitaires en Arts (obtention d’un doctorat en 1985), quelques petits boulots étudiant, un mi-temps d’enseignement, la rédaction d’articles techniques sur la peinture et la réalisation de décors et de costumes pour l’opéra, j’ai continué à peindre et exposer. Je suis « professionnel » (pour les impôts, la Sécu et l’immatriculation à la Maison des Artistes) depuis 1986. C’est à cette époque que j’ai peint mon premier plongeur qui s’inscrivait naturellement dans mes toiles de nuages bleues.
Paradise Plongée:
Avez-vous suivi des cours ou intégré une école spécifique ? Vers quel style de peinture vous êtes-vous orienté ?
Pascal Lecocq: J’ai appris le dessin de manière très classique avec Mme Bouisset-Mignon à l’Ecole Municipale Comairas de Fontainebleau, Fondation Taylor de 1973 à 1977. J’ai expérimenté de manière autodidacte la peinture de 1974 à 1977 dans un style surréaliste et imaginaire. De 1978 à 1985, durant mes études universitaires en Arts Plastiques, je dois dire qu’on ne m’a rien appris.
Paradise Plongée:
Vos références et «mentors» dans le domaine de la peinture ?
Pascal Lecocq: La découverte de la peinture de Salvador Dali dans les années 70 et notamment du « Portrait invisible de Voltaire ». Puis la grande majorité de l’oeuvre de Johannes Vermeer, et enfin le chef d’oeuvre absolu de la peinture : le retable de l’Agneau Mystique de Jan van Eyck (à Gand).
Paradise Plongée:
Expliquez-nous la technique que vous utilisez ?
Pascal Lecocq: Je peins de manière hyper classique avec de la peinture à l’huile, en utilisant la technique de glacis (nécessitant plusieurs semaines entre chaque couche), il ne s’agit donc pas d’oeuvres réalisées en quelques heures de manière impulsive. Elles résultent d’une composition finie et détaillée avant la réalisation (entre 3 mois et 10 ans !!!!, en moyenne 18 mois).
Paradise Plongée:
Les supports que vous utilisez sont de quels types ?
Pascal Lecocq: Essentiellement sur un support de toile, ou de toile marouflée sur bois de 20x20cm à 200x200cm (360×300 pour ma grande « Corrida » exposée à Nausicaa, à Boulogne sur mer). Peu de fresques (une de 12m, en tant que travail d‘étudiant). Mon travail de scénographe était différent car j’étais le concepteur avec une équipe de 4 ou 5 peintres, autant de menuisiers pour réaliser des décors en dur.
Paradise Plongée:
Le choix d’une toile est basé sur votre inspiration ? Une expérience ? Des photos ? Autres ?
Pascal Lecocq: Une idée de tableau m’apparaît en un quart de seconde n’importe quand, n’importe où, avec n’importe qui. Je la note sur un coin de papier et elle est finie dans ma tête, je sais même de quelle taille elle sera. Comme je ne réalise que trente toiles par an, les 970 autres idées restent sur le papier !
Paradise Plongée:
Vos choix et votre technique ont-ils évolué au cours des années ?
Pascal Lecocq: Techniquement, j’espère m’améliorer au fil des ans. J’ai essayé à reculons d’utiliser des peintures acryliques pour accélérer le séchage et même Bernard Monat m’a fait faire une toile à l’aérographe, mais rien à faire : je reste avec ce que je connais et je suis encore loin d’avoir acquis la maîtrise complète de la peinture à l’huile. Quant aux images digitales ou réalisées par ordinateur, je laisse cela à ceux qui sont nés avec et qui les réalisent avec talent.
Paradise Plongée:
Quels sont les sujets que vous plébiscitez sur vos toiles ?
Pascal Lecocq: On pourrait dire que c’est le bleu, que c’est le plongeur. Chaque toile est unique et s’impose à moi sans que je cherche à faire une toile particulière.
Paradise Plongée:
Vous peignez vos toiles à la commande ou au gré de votre inspiration ?
Pascal Lecocq: S’il s’avère qu’on me propose une idée qui s’impose immédiatement à moi et si le commanditaire veut bien attendre 18 mois, il est possible que j’accepte une commande. Mais je ne préfère pas.
Paradise Plongée:
Combien de toiles peignez-vous par an en moyenne ? Une toile «standard» représente combien d’heures de travail ?
Pascal Lecocq: Une trentaine. La technique est longue et j’ai toujours une dizaine de toiles en cours en même temps. Difficile de mesurer le travail entre la composition (recherche de la documentation, des modèles, dessins) et la réalisation, à part le quart de seconde de l’idée. Le fait d’être indépendant, et c’est le prix à payer pour cette liberté, m’oblige à travailler 60% de mon temps en marketing, réalisations d’expo… (Dans mon activité, les notions de week-end, de vacances, d’heures de travail, de congés, de retraite n’ont aucune signification).
Paradise Plongée:
Pratiquez-vous d’autres activités artistiques ?
Pascal Lecocq: Mon violon d’Ingres… est d’avoir joué du violon. Mais comme dit précédemment, j’ai du mal à trouver trente-cinq heures dans ma journée.
Paradise Plongée:
Vous exposez et faites connaître vos œuvres de quelle manière ? Dans quels pays ?
Pascal Lecocq: Actuellement : Galeries à Stuart (Floride), Haleiwa (Hawaii) et Houston (Texas), Dive shops (USA, Japon..), Marine Center (Nausicaa, Cherbourg …) , salons de la plongée (New York, Chicago, Las Vegas, Orlando, Fort Lauderdale, West Palm Beach, Paris, Antibes…), site web officiel et autres boutiques en ligne (Ukraine, Japon). Je suis membre également d’une association mondiale de peintres fantastiques avec laquelle j’expose mes sujets autres que la plongée (New York, Miami, Londres, Italie et Allemagne).
Paradise Plongée:
Vos clients sont généralement de quelle nationalité ? Ils pratiquent la plongée et sont passionnés par le monde marin ?
Pascal Lecocq: Depuis que je suis installé aux USA (2001) c’est plutôt des Américains, mais j’ai des clients tout autour de la planète ! Pas forcément tous plongeurs.
Paradise Plongée:
Sur quels évènements intervenez-vous régulièrement ?
Pascal Lecocq: J’ai la chance d’être invité dans de nombreux festivals autour du monde et de participer aux grands salons de la plongée. Je fais parfois des « apparitions » dans des Dive shops.
Paradise Plongée:
Avez-vous obtenu des récompenses et prix artistiques ?
Pascal Lecocq: Les goûts et les couleurs étant ce qu’ils sont, difficile de dire qu’une peinture est meilleure qu’une autre. Le Festival d’Antibes a honoré d’une palme d’or la compagnie publicitaire qui m’avait demandé un visuel et le Festival de Kiev m’a récompensé d’un Silver Shark. Mais le sourire de ceux qui regardent mes peintures est la meilleure des récompenses.
Paradise Plongée:
L’art à votre niveau: une profession à part entière ou une activité parallèle ?
Pascal Lecocq: Oui, à trente cinq heures par jour, enfin j’essaie.
Paradise Plongée:
Vivre professionnellement de sa passion artistique, est-ce possible aujourd’hui ?
Pascal Lecocq: Pour quelques artistes officiels, toujours les mêmes que vous voyez dans les expos de l’Etat, oui. Pour les profs et les femmes de médecins, pas de soucis. Pour quelques artistes commerciaux qui tartinent au kilomètre, ça va pour eux. Pour l’indépendant qui n’accepte aucunes compromissions, indemmités, c’est plus difficile. J‘ai la chance d’avoir le support de clients fidèles et mécènes dont mon épouse. Comme disait mon professeur : « Selon Cézanne, pour un peintre, ce sont les 70 premières années qui sont difficiles ». J’ai donc commencé tôt.
Paradise Plongée:
Vos projets en cours et futurs ?
Pascal Lecocq: Fêter mes trente ans de peintures en 2007… et poursuivre la réalisation des idées de tableaux en cours (10 000… et je continue à en avoir).
Paradise Plongée:
Un regret sur votre parcours artistique «marin» ?
Pascal Lecocq: N’avoir eu qu’une expérience restreinte de la plongée à cause de problèmes d’oreilles… Pas de regret, je nage dans ma peinture comme un poisson dans l’eau…
Paradise Plongée:
Un conseil pour un artiste qui souhaite se lancer dans la peinture, ayant notamment pour thème le milieu marin ?
Pascal Lecocq: On ne se lance pas, on est dedans ou pas. Trouver un agent ou un marchand afin de se consacrer uniquement au côté artistique (j’en ai croisé quelques uns mais je n’en ai trouvé ni de sérieux, ni d’honnête, ni de compétent…). Etre soi, sans compromis.
Pascal Lecocq et André Hartman
Des rencontres insolites ou des expériences humaines qui vous ont marqué ?
Pascal Lecocq: A chaque expo je rencontre des plongeurs anonymes…extraordinaires.
Tous mes clients deviennent des amis. J’ai eu la chance aussi d’en cotoyer de célèbres : le Commandant Tailliez, la spécialiste des requins Eugénie Clark, le photographe Ernst Brook… Mon « papa » en plongée, c’est Daniel Mercier, le fondateur du Festival Mondial de l’Image sous-marine.
Paradise Plongée:
En dehors de la peinture, quels sont vos activités et centres d’intérêts ?
Pascal Lecocq: Tout m’intéresse, plus particulièrement tout ce qui touche la culture (théâtre, opéra, musique, expos, littérature même si je n’ai plus beaucoup de temps pour lire), un peu de philosophie à mes heures et l’avenir écologique de notre planète, voyager et rencontrer les habitants du Japon à l’Ukraine, mes 10 km de jogging quotidien sur la plage de Fort Lauderdale, la croissance de mes neveux, la vie à deux.
Paradise Plongée:
Vous aimez :
Pascal Lecocq: Le Bleu (sauf dans le fromage).
La Piazza Santa Maria Formosa à Venise, la place de Furstenberg à Paris, les interminables Interstates américains.
Le T-bone de chez Long Horn, le magret de canard aux figues, les tomates ovolo basilic, la glace menthe-chocolat, les framboises, l’ouzo et le Brunello di Montalcino.
Le cinéma de Greenaway et de Syberberg, Greta Garbo et les Enfants du Paradis.
Les mémorialistes et les romanciers grecs contemporains depuis que j’ai lu l’insurpassable Recherche du Temps Perdu.
Snoopy et Leonard.
L’Ave Verum Corpus et La Flûte Enchantée de Mozart, Elisabeth Grümmer dans le Freischütz et Lohengrin, tout Wagner.
Paradise Plongée:
Vous détestez :
Pascal Lecocq: La World Company, la néfaste food et la boisson pétillante marron qui me sert à nettoyer les taches d’huile sous ma voiture, la télévision…
L’incivilité, notamment des usagers du téléphone portable et des fumeurs.
L’incompétence, notamment celle de Chronopost.
Les embouteillages à Paris.
Pascal Lecocq et la Plongée sous-marine :
Paradise Plongée:
Quand et à quelle occasion avez-vous découvert le milieu marin et débuté à plonger ?
Pascal Lecocq: Ce n’est pas dans les Cousteau, mais dans les James Bond…
Paradise Plongée:
Expliquez-nous votre parcours plongée jusqu’à ce jour ?
Pascal Lecocq: Restreint à cause d’une incompatibilité d’oreilles depuis longtemps
Paradise Plongée:
Votre avis sur la pratique de la plongée actuellement ?
Pascal Lecocq: En pleine adolescence…
Paradise Plongée:
Votre plus belle expérience et rencontre sous-marine ?
Pascal Lecocq: Les baleines au large d’Haleïwa (Hawaii)
Paradise Plongée:
Dans quels endroits du monde avez-vous plongé ?
Pascal Lecocq: Pas mal d’aquariums et nagé un peu partout. Au large de Glyfada à Rhodos, de Zamami (Okinawa), de Waimanalo à Oahu (Hawaii)
Paradise Plongée:
Spots de plongée préférés ?
Pascal Lecocq: Le bal masqué au Williamsburg Musem de New York en Septembre 2003 (voir photo ci-dessous)
Quel souvenir gardez-vous de votre «séjour artistique» auprès d’André Hartmann ?
Pascal Lecocq: Vous voulez dire qui était le plus impressionnant d’André ou du grand blanc ? Un grand respect et beaucoup d’humilité (pour ne pas dire d’humidité !).
Paradise Plongée:
La personnalité du monde de la plongée qui vous sert de modèle ou vous a le plus marqué ?
Pascal Lecocq: Le Cdt Tailliez, Eugénie Clark, Ernest Brooks et Daniel Mercier.